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que tous ceux qui la regardoient attentivement en demeuroient étourdis, ainfi qu'il m'eft arrivé. Enfuite elle s'arrêtoit tout court et retiroit fés épées nues l'une après l'autre du coin de fés yeux avec autant de tranquillité que fi elle les eût retirées du fourreau. Néanmoins, quand elle me rendit la mienne, dont la garde étoit fort pefante, je remarquai que la pointe étoit un peu enfanglantée. Cela n'empêcha pas qu'elle danfât encore d'autres danfes, tenant deux épées nues dans fés mains, dont elle mettoit les pointes tantôt fur fa gorge et tantôt fur fés narines fans fe bleffer. » •
Dans une note adressée à propos de ce passage aux auteurs du Dictionnaire des Théâtres, Gueullette prétend que Bonnet exagère ct que la Belle Tourneuse ne fichait pas les épées dans ses yeux, mais qu'elle les appuyait seulement au coin de l'œil et les soutenait avec ses mains en dansant, comme font toutes les autres tourneuses.
(Memoires sur les Spectacles de la Foire, I, 139. — Dictionnaire des Théâtres, I, 467 ; II, 564 ; VI, 40S.)
Du jeudi io- jour de janvier 1715, fur les trois heures après midi ou environ, nous Jean-François Letrouyt Deflandcs, etc., ayant été requis, fommes tranfporté rue du Mail, en une maifon occupée par Jean Gervais, banquier, où etant monté en un premier appartement qui a vue fur la cour, où nous avons trouvé ledit lieur Gervais qui nous a dit qu'il nous a fait requérir de nous tranfporter chez lui pour nous rendre plainte, comme il a fait, contre Gertrude Boon de ce que montant au fécond appartement où loge ladite demoifelle Boon, laquelle il y a trouvé et le voyant lui a dit : « Voilà le feu vis-à-vis la maifon chez les fieurs Lagrange » ; ledit lieur requérant lui a répondu : « Vous voyez les accidens qui arrivent, et cependant vous fortez tous les jours le matin et ne revenez que le foir et vous emportez votre clef, cela doit vous faire connoître qu'il ne faut jamais emporter la clef de votre appartement et qu'il faut la laiffer. » Et dans ce moment le fieur requérant a pris la clef de l'appartement de ladite demoifelle Boon, qui étoit à la porte; ce que voyant ladite demoifelle Boon, elle s'eft jetée fur ledit fieur requérant et dc force et violence lui a voulu arracher la clef qu'il avoit tirée de la ferrure, «n'ayant pu la lui ôter ni arracher de la main elle l'a mordu au petit doigt de la main droite d'où le fang eft forti à l'inflant et nous a fait voir la morfure ct un mouchoir tout enfanglanté du fang qui en eft découlé, comme il nous eft apparu. Et pour faire par ladite demoifelle de Boon de la peine au fleur comparant, elle s'eft mife à fa fenètre qui a vue fur ladite rue du Mail et a crié de toute fa force ; « Au voleur ! on m'affaffine ! » quoique le fieur re-
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